La lettre Y est une énigme. À la fois voyelle et consomme, sa prononciation “i grec” annonce un parcours historique original. Et il l’est.
Des origines anciennes
La lettre Y trouve ses origines dans l'alphabet grec, où elle est appelée "upsilon". Dans la Grèce antique, l'upsilon était prononcé comme une voyelle proche du son "u" français. Avec l'évolution de la langue et l'influence latine, sa prononciation et son utilisation ont subi des modifications significatives. Quand les Romains ont adapté l'alphabet grec à leur propre système d'écriture, l'upsilon a été incorporé sous la forme de la lettre "Y" – toujours pour “U” – empruntant sa forme graphique. Dans le latin classique, le Y était principalement utilisé dans les mots empruntés au grec, conservant un aspect d'exotisme et d'érudition. Avec le temps, la sonorité va glisser du “U” au “I”.
Un symbolisme médiéval…
Au Moyen âge, la lettre Y symbolisait le choix entre le bien et le mal, inspirée par sa forme de bifurcation. Cette représentation a été popularisée dans les manuscrits et les textes philosophiques, où Y incarnait un carrefour ou un choix de vie.
Mais ce symbolisme n’était pas une invention du temps. Il avait voyagé avec le corpus de connaissances grecques, importé par les Arabes en Europe, du VIIIe au XIIe siècle.
… mais des racines pythagoriciennes
Au Ve siècle avant J.C., le grand Pythagore – bourreau des mathématiciens en herbe et énigme pour les historiens de la philosophie – avait déjà fait de cet “upsilon” un symbole de divergence. On finit par donner un petit nom à ce symbole, la « lettre de Pythagore » ou « lettre de Samos » (Île grecque où Pythagore est né).
Deux branches comme deux chemins à suivre, un pour le vice, un pour la vertu.
L'écrivain romain Perse écrit au Ier siècle dans ses Satires : « La lettre de Samos t'enseigna, pour bien vivre, dans son jambage droit, la route qu’il faut suivre. »
Lactance, rhéteur chrétien du IIIe fait la même référence dans les Institutions divines : « Ils disent que le cours de la vie humaine est semblable à un Y ; que quand les jeunes gens sont arrivés à l'endroit où le chemin se divise en deux, ils échouent et doutent dans lequel ils doivent s'engager. »
Alors? Gauche ou droite? Oui ou non? Ceci ou cela? A ou B? Rouge ou bleu? Zéro ou un?
Binaire
C’est par ailleurs au philosophe et mathématicien allemand du XVIIe Gottfried Wilhelm Leibniz que nous devons le calcul binaire, qui est le fondement de l’informatique. Une série de 0 et de 1 pour résumer le monde entier! C’est l’ambition de Leibniz qui publie un essai intitulé Explication de l'arithmétique binaire en 1703.
Ses intentions sont plutôt philosophiques (dans la lignée de la monadologie), ou de l’ordre de la métaphysique. Nous sommes dans un siècle qui agite les penseurs, qui doivent composer avec l'existence de dieu, l’intelligibilité du monde qui nous entoure, la mesurabilité de tout, et le rôle des mathématiques. En clair, les humains apprennent qu’il existe des explications rationnelles à tous les phénomènes, qu’il convient de découvrir, expliquer et mesurer. L’univers est écrit dans un langage universel – les mathématiques – et Dieu fait des calculs pendant qu’on s’échine à tenter de tout comprendre. Dans ce fatras intellectuel insoluble, Leibniz voyait dans le binaire la forme la plus simple et la plus pure de représentation numérique, utilisant uniquement deux symboles, 0 et 1, pour exprimer n'importe quel nombre.
Mais pour lui, le concept allait plus loin : le système binaire était une représentation symbolique de la création à partir du néant, avec le 1 représentant Dieu ou l'être et le 0 le vide ou le néant.
Le binaire est devenu le langage des ordinateurs, capables d’ouvrir ou fermer des portes. Beaucoup de portes. Beaucoup, beaucoup, beaucoup de portes. Un iMac de l’année comporte 25 milliards de transistors. De minuscules interrupteurs qui n’ont que deux états possibles. Zéro ou un. Dieu ou le néant. Et c’est à Leibniz que l’on doit cela…
La stratégie du Y
Notre métier est souvent complexe. Chaque décision repose sur une série de variables, rendant parfois la décision impossible à prendre. Une équation à deux inconnues est déjà un exercice périlleux. À trois inconnues, on a recours à des procédés mathématiques complexes (qui reposent sur… l’élimination des inconnues). À quatre inconnues et plus, on tombe dans l’algorithme, qui nécessite la puissance d’un ordinateur pour arriver à ses fins. Bref, prendre une décision dans un monde complexe va vous imposer une réflexion leibnizienne : en clair, vous allez devoir ramener votre problème à une question qui appelle à une réponse A ou B.
Deux chemins possibles. Un choix binaire.
Attention, l’idée n’est pas de simplifier le monde qui nous entoure. Ça serait une erreur, car cette représentation simplifiée vous éloignerait du monde réel, et ce n’est pas l’effet désiré. Assumez la complexité du contexte, de la situation, du moment, mais décidez de LA question à laquelle il faudra répondre. Énoncez-la clairement. Ne citez ni Pythagore ni Leibniz sans quoi vous allez passer pour un fou – croyez-moi – et lancez-vous dans la réponse qui vous paraît appropriée.
Comme l’informatique, la stratégie repose sur une grande quantité de décisions à prendre. Gauche ou droite? Oui ou non? Ceci ou cela? A ou B? Rouge ou bleu? Zéro ou un?
Ce qu'il faut retenir
La lettre "Y" symbolise le choix entre des chemins divergents, une idée qui remonte à Pythagore et se prolonge dans le calcul binaire de Leibniz, fondement de l'informatique. Cette dichotomie du choix, illustrée par le Y, inspire une approche stratégique en entreprise où face à la complexité, il est essentiel de simplifier les décisions en choisissant entre deux options claires. Cette philosophie encourage à embrasser la complexité tout en visant une simplicité décisionnelle, guidant vers une action stratégique éclairée.
- Nous utilisons parfois des outils de LLM (Large Language Models) tels que Chat GPT, Claude 3, ou encore Sonar, lors de nos recherches.
- Nous pouvons utiliser les outils de LLM dans la structuration de certains exemples
- Nous pouvons utiliser l'IA d'Antidote pour la correction ou la reformulation de certaines phrases.
- ChatGPT est parfois utilisé pour évaluer la qualité d'un article (complexité, crédibilité des sources, structure, style, etc.)
- Cette utilisation est toujours supervisée par l'auteur.
- Cette utilisation est toujours éthique :
- Elle est transparente (vous êtes prévenus en ce moment-même),
- Elle est respectueuse des droits d'auteurs — nos modèles sont entraînés sur nos propres contenus, et tournent en local lorsque possible et/ou nécessaire.