Ces dragons de l'inaction qui font qu'on ne fait rien.

Ces dragons de l'inaction qui font qu'on ne fait rien.

Frédéric Constantin
Lorsqu’on leur offre le choix entre changer ou ne pas changer, la majorité des gens préféreront rester dans la position actuelle, même si les effets du changement sont pour le mieux. Robert Gifford nous explique les sept raisons pour lesquelles nous choisissons presque toujours le statu quo.
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Photo by elizabeth lies on Unsplash

Le biais du statu quo

Personne n’aime le changement. Dans la plupart des cas, les gens vont même opter pour le choix par défaut, même si d’autres options sont préférables. C’est ce qu’ont démontré les chercheurs William Samuelson et Richard Zeckhauser en 1988 en étudiant le comportement des participants face à l’investissement d’un montant d’argent reçu en héritage. Ainsi, ceux qui « héritaient » d’une somme d’argent déjà investie préféraient largement le statu quo, alors que d’autres options d’investissement auraient probablement été préférables.

Ce phénomène a depuis été étudié dans plusieurs autres domaines, comme l’assurance automobile, les recherches Internet et le don d’organe. Pour chacune de ces situations, les gens préfèrent le statu quo, peu importe l’option par défaut. Mais qu’est-ce qui pousse les gens à ne pas vouloir changer ?

Ne sous-estimez jamais le pouvoir de l’inertie.
Richard Thaler

Les 7 dragons de l’inaction

C’est ce qu’a voulu comprendre Robert Gifford, un professeur de l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique. En étudiant les comportements face aux changements climatiques, Gifford a déterminé sept facteurs qui poussent les gens à ne pas agir.

Cognition limitée

L’information disponible sur un sujet est souvent trop vaste pour qu’une seule personne soit en mesure de parfaitement le comprendre. Par exemple, une étude a démontré que la connaissance en médecine double tous les trois ans et demi. Ce rythme pose un problème aux médecins, dont la formation dure de 7 à 10 ans.  

Idéologies

Qu’elles soient liées à la religion, aux allégeances politiques, aux valeurs familiales, etc., Gifford avance que nos croyances nous empêchent souvent de considérer les faits.

Comparaisons aux autres

L’humain est avant tout une bête sociale. Lorsque vient le temps de changer, la majorité des gens préféreront regarder ce que les autres autour d’eux font avant de prendre une décision. Et si la majorité des gens préfèrent le statu quo, la plupart se demanderont pourquoi ils changeraient alors que les autres ne le font pas.

Incrédulité

La première réaction face à un changement majeur est souvent le déni ou la méfiance. Il s’agit d’un phénomène parfaitement normal, expliqué par la dissonance cognitive, c’est-à-dire l’inconfort créé par une information qui remet en doute la réalité que l’on se construit.

Coûts irrécupérables

La plupart des gens préféreront persister dans un projet qui est voué à l’échec uniquement parce qu’ils considèrent avoir trop investi pour abandonner. L’exemple le plus célèbre est celui de la guerre du Vietnam. Cette guerre, qui a duré 20 ans, est considérée comme un échec par la plupart des spécialistes militaires, fait reconnu par l’armée américaine elle-même.

Risques perçus

Tout changement aura des effets, qu’ils soient positifs, négatifs ou neutres. Cependant, plusieurs études démontrent que même s’ils ont un effet égal, l’humain aura tendance à donner plus d’importance aux effets négatifs.

Comportement limité

La majorité des changements d’ampleur nécessite l’action de plusieurs parties prenantes. Il est donc parfaitement normal de croire que nos gestes auront peu d’impact. Beaucoup choisiront donc d’agir symboliquement avec l’option la plus facile, même si elle n’a pas ou peu d’effet pour changer le statu quo.

Le problème, c'est qu’on essaie d’analyser. Il faut simplement agir.
Cory Doctorow

Quoi faire?

Cependant, on ne peut ignorer certains problèmes éternellement, comme dans le cas des changements climatiques. Cory Doctorow, un écrivain de science-fiction, appelle le moment où un problème est devenu trop gros pour être ignoré le peak indifference. Ceux qui ont longtemps refusé d’agir se retrouvent donc confrontés à une situation d’une ampleur démesurée.

C’est pourquoi à ce moment, selon Doctorow, il ne faut plus convaincre qu’il y a un problème : il faut démontrer que nous avons la solution.

Ce qu'il faut retenir

Personne n’aime le changement. Dans la majorité des cas, les gens préfèrent les statu quo, même lorsque le fait de choisir une nouvelle option serait préférable. Selon Robert Gifford, professeur à l’Université de Victoria, sept phénomènes, qu’il appelle les sept dragons de l’inaction, peuvent expliquer pourquoi les gens ne veulent pas changer : la cognition limitée, les idéologies, la comparaison aux autres, l’incrédulité, les coûts irrécupérables, les risques perçus et le comportement limité.

Frédéric est un collaborateur occasionnel de Perrier Jablonski. Ses sujets : l'ethnographie, le comportement des gens, les méthodes statistiques... et la culture geek.

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