Induction, déduction — la pensée dans tous les sens.

Induction, déduction — la pensée dans tous les sens.

Gaëtan Namouric
Nos organisations sont souvent menacées par des concurrents plus innovants, plus surprenants. Cependant, elles sont souvent dirigées par la logique, l'absence de risque, la garantie d'un résultat connu d'avance... Et c'est là le problème. Pour faire plus de place aux idées neuves, il convient de connaître deux modes de pensée : la déduction et l'induction.
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Photo by Tachina Lee on Unsplash

C’est à Luc de Brabandère, philosophe d’entreprise originaire de Belgique, que nous devons l’application la plus limpide du concept d’induction et de déduction, appliquée à notre manière de penser en entreprise. Ces deux mouvements de la pensée sont indispensables pour distinguer la pensée « logique » de la pensée « heuristique ».

Déduction

Prenons un exemple très simple. Si je vous demande « 1+1=… », vous allez me répondre « 2 ». Cette réponse est logique. Elle est vérifiable. Elle est non-négociable. Elle est universelle. Elle ne dépend ni de votre culture, ni de votre éducation, ni de votre expérience. Elle est durable, sûre. Elle est la conséquence logique d’un raisonnement qui repose sur une série de propositions sans équivoque. Bref, la réponse « 2 » est déductive. Or elle n’a pas que des avantages.

Le premier inconvénient, c’est que cette réponse est pauvre. Dans le sens où elle ne produit pas de nouveauté. Si votre stratégie d’entreprise repose sur une réponse déductive, que vous avez vérifiée dans le marché (ex. Il faudrait baisser nos prix), il fort est à parier que vos concurrents ont en main la même réponse.

Le second inconvénient, c’est que cette décision repose sur un raisonnement si simple et si prévisible qu’un ordinateur peut le faire à notre place. Un algorithme pourrait prendre des millions de décisions de ce genre à la seconde. La pensée humaine et sa créativité ne peuvent pas rivaliser avec cette puissance. Non… notre cerveau… lui… a mieux à faire.

L'incroyable pauvreté inductive d'une recherche Google image.

Induction

Si je vous demande « qu’est ce que deux évoque pour vous? », alors des milliers de réponses peuvent fuser. C’est une question que nous avons régulièrement posée en atelier, et la variété des réponses n’a jamais cessé de m’étonner. Une fois passées les réponses attendues : vélo, moto, et tous les engins à deux roues… Les mains, les pieds et toutes les parties du corps qui « viennent par deux »… Les expressions mathématiques (1+1, 8:4… on a même entendu racine carrée de racine carrée de 16)… arrivent les propositions plus personnelles « Léa et Lola, mes jumelles », mais aussi un souvenir de voyage,  un film… j’ai même entendu « D’eux », l’album de Céline Dion.

Ce pouvoir d’évocation est puissant. Les philosophes diraient que l’induction part de l’effet pour remonter jusqu’à la cause. C’est le raisonnement inverse à la déduction. On part de la réponse pour inventer la question. On part de la solution pour inventer le problème.

D’une observation, on peut inventer une loi générale. Le problème? Cette réponse est fragile (hâtive dirait le philosophe). Elle n’est pas sûre. Elle n’est pas toujours vraie, vérifiable, durable. Elle n’est qu’un début de raisonnement. Mais l’incroyable avantage, c’est qu’un ordinateur ne peut pas penser de manière inductive - j’entends d’ici les chantres de l’intelligence artificielle me démentir et promouvoir les avancées incroyables des ordinateurs dans ce domaine. Le problème, c’est que ces machines à pensées ont forcément été programmées par des humains pour suivre un chemin inductif précis. Ou du moins elles ont été programmées avec un certain type de raisonnement…. Or nous ne savons pas tout à fait comment notre cerveau arrive à produire cette induction. C’est le mystère de la création que les humains n’ont jamais su percer… ils n’ont donc pas pu programmer un ordinateur pour penser de cette manière.

Eh bien, dansez maintenant!

Chez Perrier Jablonski , nous préférons parler de la réponse « vraie » de la réponse « possible ». La première a l’avantage d’être vérifiable, mais l’inconvénient d’être prévisible. La seconde a l’inconvénient d’être discutable et fragile… mais l’incroyable avantage d’être créative, originale, inusitée. Nous avons observé que les entreprises les plus innovantes étaient aussi celles qui savaient faire "danser" ces deux modes de pensée ensemble.

Toutes les organisations ont besoin des deux modes de pensée. Or, force est de constater qu’elles sont souvent dirigées par des esprits doués de déduction, qui savent faire des promesses rationnelles. Finance, droit, production… Toutes des fonctions où la réponse « vraie » est attendue. Or ce sont les métiers les plus menacés par l’intelligence artificielle, qui feront bientôt ce travail à leur place.

The people who are crazy enough to think they can change the world are the ones who do.
Steve Jobs

De l’autre côté, la véritable innovation provient d’esprits plus libres, plus agiles, plus à l’aise dans le flou et le doute. Ces esprits sont capables de créer, d’inventer, de surprendre. Au risque de surprendre… peut-être… mais au risque aussi de créer une valeur inédite pour votre entreprise.

Ce qu'il faut retenir

Il existe deux modes de pensée. La déduction est l'induction. La première a l’avantage d’être vérifiable, mais l’inconvénient d’être prévisible. La seconde a l’inconvénient d’être discutable et fragile… mais l’incroyable avantage d’être créative, originale, inusitée. Une réponse "vraie", une réponse "possible". Pour mener une organisation vers le succès, il est impératif de pouvoir faire danser la déduction et l'induction ensemble.

Gaëtan est le fondateur de Perrier Jablonski. Créatif, codeur et stratège, il est aussi enseignant à HEC (marque-média), à l'École des Dirigeants de HEC et à l'École des Dirigeants de Premières Nations (pitch, argumentation). Certifié par le MIT en Design Thinking et en intelligence artificielle, il étudie l'histoire des sciences, la philosophie, la rhétorique et les processus créatifs. Il est l’auteur d'un livre et d’une centaine d’articles sur tous ces sujets.
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Bibliographie et références de l'article
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